Une histoire d'amour




Catherine Goxe
Membre de l'association Premiers Plans


Tout a commencé le jour où, durant les vacances de Noël 1961, elle est allée pour la première fois au cinéma : une des ces premières fois qui marquent, elle s’en souvient très bien. Tintin et le Mystère de la Toison d’Or était à l’affiche. Accompagnée de son oncle et de ses parents, elle avait vu s’animer à l’écran, Tintin, le professeur Tournesol et le capitaine Haddock. Ils étaient là « en vrai ! » le cinéma, comme par magie, avait transposé dans la réalité les héros de ses histoires de petite fille. Elle les avait entendus, elle les avait vus.

Tintin et le Mystère de la Toison d'Or - bande annonce

bande audio 

Plus tard, à l’adolescence c’est le film Woodstock qui lui avait fait l’effet d’une « explosion de jeunesse, de musique, de liberté ». Elle qui partait toujours seule dans une famille étrangère pour y apprendre la langue, découvrait que l’on pouvait partir aussi « tous ensemble » et cela avait été déterminant. Une nouvelle histoire! faire partie d’un groupe qui l’initiait au cinéma d’art et d’essai et partager ce plaisir-là avec celui qui allait devenir son mari: leur histoire, désormais jalonnée de ces films dont ils  garderaient précieusement les titres sur des petites fiches Bristol pour ne pas les oublier et pour se souvenir qu’ils étaient allés les voir ensemble.

C’est l’histoire d’une vie, leur « vie cinématographique ». Une seule et même histoire d’amour

Woodstock bande annonce

Alors quand elle est nommée au service des affaires culturelles de la ville d’Angers, c’est avec fierté qu’elle devient une des chevilles ouvrières du festival Premiers Plans dont elle suit de près la gestation et assiste à la naissance. Elle ne le quittera plus.

Et quelles histoires encore! accompagner en 1996 toute l’équipe de Premiers Plans à Sarajevo, juste à la fin de la guerre, pour la réouverture de la salle Europa sur des cendres encore brûlantes, un symbole fort pour cette ville: revenir à la vie via le cinéma et la culture. Et toutes ces rencontres si particulières! des moments d’exception, des privilèges. Celle avec Claude Jade à qui elle s’était identifiée dès ses 13 ans  « un moment de grâce », celle avec Jane Birkin et avec une jeune interprète bosniaque Elmedina Podrug à Sarajevo et celle avec Radu Mihailanu , réalisateur de Va, Vis et Deviens.

Cinéma Europa Sarajevo en 1996 ©Catherine Goxe
Elmedina Podrug, interprète et Catherine Goxe en 1996 à Sarajevo
  
Claude Jade au festival 2005©Sandrine Jousseaume

Va, Vis et deviens! Partir à la découverte de nouveaux talents, rencontrer les réalisateurs, apprendre à leur contact et côtoyer tous ces jeunes formés par Premiers Plans à être les spectateurs de demain, elle aime ce foisonnement .

Tout comme elle aime les rétrospectives, voir et revoir les films, retrouver ce plaisir de la première fois, retrouver la salle comme un rite et pouvoir se dire avec jubilation « je vais au cinéma ! ». 


Colette Baillou