Faire revivre

de Sébastien Aubinaud  


Jean-Michel Claude
Président de l’association Premiers Plans



«Je filmais ce que mon père ne pouvait pas filmer ». C’est ainsi que Jean-Michel Claude prenait le relais de l’œil du père passionné d’archéologie qui emmenait lors des vacances d’été sa famille à la découverte des ruines archéologiques du pourtour méditerranéen. Il filmait ces sites exceptionnels et lorsqu’il ne pouvait le faire cédait la caméra à son fils ainé qui à partir de huit ans a manié cet objet à la découverte des origines.

Il fallait se tenir à carreaux pendant ces voyages d’études du père mais c’est aussi le souvenir de belles émotions comme celle d’une nuit à la belle étoile dans les ruines de Palmyre. 

Les ruines de Palmyre

Car l’émotion est pour Jean-Michel Claude liée au regard, à la force de l’image plus qu’à l’écrit. Et c’est ce que permet le cinéma, à la différence du livre : le contact direct avec les lèvres qui bougent, les larmes de l’acteur. Enfant il préférait les BD et ses premiers souvenirs de cinéma sont liés aux films muets de Charlie Chaplin. Deux fois par mois le cinéma comme la musique était une sortie familiale ; il se souvient des performances d’acteur de Louis de Funès, du film Autant en emporte le vent et même de la pièce Les fourberies de Scapin vue au cinéma. Adolescent il s’inscrit au ciné-club du lycée David d’Angers puis comme figurant au Festival d’Anjou car spectateur c’est une chose, mais participer en est une autre.



Autant en emporte le vent

Car pour Jean-Michel Claude il faut agir. Analyser et comprendre comment ça marche, c’est nécessaire mais il faut mettre en acte ses idées et ses désirs. Il a noué son métier d’urbaniste à l’anthropologie urbaine et ses qualités d’économiste aux fonctions de trésorier et de président de l’association Premiers Plans.

Pour lui Premiers Plans c’est d’abord transmettre, préparer la relève du cinéma français menacé de ruines dans les années 70, faire connaître le cinéma d’autrefois aux jeunes d’aujourd’hui ; mais c’est aussi une ouverture sur le monde, sur les autres, et le plaisir de découvrir des premiers plans pour s’orienter vers l’avenir.

Un souvenir : Un coup de folie en allant à Sarajevo dans cette ville détruite par la guerre pour reconstruire la salle de cinéma, avec toute l’équipe de Premiers Plans. Une fenêtre ouverte sur un réel, sur une image de ruines, mais des ruines avec des gens en marche pour se réapproprier leur ville. Des ruines avec un horizon : faire revivre.

Premiers Plans à Sarajevo en 1996



Dominique Fraboulet